Prospective des métiers de la Fabrication d’ameublement
L’industrie de l’ameublement prépare sa mue
L’industrie de l’ameublement garde le moral. Bousculée sur le marché français depuis de longues années, et confrontée à de nouveaux défis majeurs, elle sort de la crise du Covid ragaillardie, convaincue de ses chances de succès, et fermement décidée à moderniser son appareil de production. C’est ce que révèle l’étude prospective des métiers de la branche Fabrication de l’ameublement, publiée en mai 2021. Cette étude détaille également les contours d’un grand chantier à venir : celui des compétences, de la formation, de l’évolution des métiers et de l’attractivité. Un défi dont la réussite conditionnera l’issue de tous les autres.
Le Covid a donné un coup d’accélérateur aux projets
La crise du Covid a perturbé tous les secteurs de l’économie, mais a donné le temps aux Français de s’intéresser à leur intérieur. Le mobilier domestique en a profité, avec, entre 2019 et 2020, une activité en hausse de +5 à +15% selon les marchés ( meubles et cuisines, placards, – salles de bain). Les spécialistes du mobilier professionnel et de collectivités n’ont pas eu cette chance. Ils ont, au contraire, subi une chute brutale de leurs ventes. Pour autant, quel que soit leur segment de marché, la plupart des entreprises voient l’avenir sous un jour positif. La crise semble avoir rebattu les cartes. Près des trois quarts anticipent une progression de leur activité dans les 5 prochaines années. Pour 60% d’entre elles, la crise du Covid a conduit soit à revoir sa stratégie en profondeur, soit à ajuster ou accélérer les évolutions déjà envisagées.
Un optimisme combatif
L’investissement dans l’efficacité de l’outil de production ressort nettement en tête des préoccupations des industriels. L’accroissement de la performance de la production est, en effet, considéré comme une priorité forte par 94% des entreprises. Elles sont 73% à avoir déjà investi, ou décidé de le faire sous trois ans, dans des équipements plus performants. Plus de la moitié d’entre elles envisagent ou ont déjà engagé l’optimisation de leur processus industriel et la digitalisation de la conception de produits. Des réponses pertinentes à deux difficultés clairement identifiées dans l’industrie de l’ameublement : un certain retard industriel et une fragilité à l’égard de la concurrence internationale. Le taux de couverture (exportation / importation) est, en effet, passé de 58% en 2000 à 26% en 2019, traduisant un recul des industriels français sur le marché national. Au cours des 5 dernières années, le chiffre d’affaires des entreprises du secteur est néanmoins resté stable au-dessus de 7 milliards d’euros, tandis que le nombre de salariés n’a que faiblement reflué.
L’industrie de l’ameublement prend ses défis du bon côté
Comme toutes activités aux prises avec le grand public, l’industrie de l’ameublement se confronte à de nouvelles tendances de consommation. Tout d’abord, la vente en ligne pourrait, à terme, menacer les réseaux de distribution spécialisés. Or, à quelques exceptions près, les grandes enseignes font peu de cas de la production française. La digitalisation de la relation commerciale, considérée comme une priorité par plus de la moitié des entreprises, pourrait donc être une opportunité de regagner du terrain en direct auprès du public. D’autant que le désir de consommer local et de favoriser le Made in France prend de l’ampleur. Les opportunités liées à l’essor de la consommation responsable semblent donc l’emporter sur les menaces que sont le développement du marché de seconde main ou le poids de nouvelles contraintes sur la production. À cet égard, plus de la moitié des entreprises placent l’éco-conception et l’amélioration de l’impact environnemental au rang des priorités fortes.
La question cruciale des ressources humaines
Si l’industrie de l’ameublement semble confiante et volontaire, elle ne manque pas de défis à relever en matière de ressources humaines. Premièrement, de nouvelles fonctions sont appelées à émerger dans la QHSE, l’informatique, le web marketing, mais également dans la conception et l’encadrement de la production, comme, par exemple, celle de chef de projet industriel, en charge de l’organisation de la production. L’acquisition de ces nouvelles compétences suppose des recrutements. Or le secteur peine déjà à attirer les candidats. Par ailleurs, certains métiers vont évoluer fortement. L’exemple le plus emblématique, conséquence des projets de modernisation et d’automatisation : les opérateurs de production vont devoir se muer en conducteurs d’équipements industriels. Un défi de taille pour une industrie qui emploie deux tiers d’ouvriers, et dont 75% des effectifs se répartissent dans une galaxie de PME et TPE. Toutes ne pourront sans doute pas évoluer au même rythme. Mais le grand saut vers l’industrie du futur ne pourra se concrétiser sans gagner au préalable la bataille de l’attractivité et de la formation.