EDEC filière électrique – Étude prospective emplois et compétences de la filière électrique
La filière électrique entame sa révolution
L’électricité figure en première ligne pour toutes les mutations qui affecteront nos modes de consommation et de production au cours des dix prochaines années : décarbonation de l’économie, évolution du mix énergétique, réseaux intelligents, digitalisation de l’outil de production, électromobilité… La filière électrique a certes de beaux jours devant elle, mais également des défis colossaux, notamment en matière de ressources humaines. Les effectifs vont grimper d’un tiers en 10 ans ; les métiers vont se transformer, alors que la filière fait d’ores et déjà face à des difficultés de recrutement. En offrant une analyse claire, solide et détaillée de ce qui attend la filière électrique, l’Étude prospective emplois et compétences de la filière électrique permet d’entrevoir les solutions à mettre en œuvre.
200.000 emplois supplémentaires d’ici 2030
La filière électrique couvre un vaste champ d’activités qui dépasse le cadre strict de l’industrie pour s’immiscer, entre autres, dans le bâtiment et les infrastructures de transport et dans les villes. Elle comprend le système électrique, c’est-à-dire la production d’électricité et la gestion des réseaux. Mais elle englobe également toutes les activités qui contribuent à l’approvisionnement en électricité, depuis la fabrication d’onduleurs, de bornes électriques ou de câbles, jusqu’à l’éclairage, chaleur et froid- en passant par les caténaires sur les voies ferrées, pour ne citer que quelques exemples. En 2018, la filière employait 600.000 personnes, dont la moitié, soit 300.000, pour le système électrique, et plus de 220.000 dans le bâtiment.
À horizon 2030, si l’on applique la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) d’avril 2020, ce sont 200.000 emplois supplémentaires qui sont attendus. Selon les scénarios, les énergies renouvelables contribueraient à créer entre 34.000 et 66.000 emplois principalement dans le solaire et l’éolien. Le développement des infrastructures pour les villes et pour la mobilité y ajouterait 46.000 nouveaux postes. Un chiffre qui s’explique, notamment, par l’installation prévue, d’ici moins de 10 ans, de quelques 7 millions de points de recharges pour véhicules électriques. Le plus grand vivier d’emplois devrait toutefois se trouver dans le bâtiment, avec un bond de 80.000 postes dans rénovation des bâtiments résidentiels et tertiaires.
Métiers en tension et nouvelles compétences
L’accroissement massif du besoin en compétences au cours des prochaines années n’est pas sans poser quelques difficultés, alors que près de 30% des emplois de la filière sont déjà aujourd’hui en tension. Certains métiers cumulent les facteurs de tension. C’est le cas, par exemple, des techniciens de bureau d’étude. Ils sont aujourd’hui 30.000 dans la filière ; leur nombre devrait croître de 10 à 20% d’ici 2030 ; et leur métier est amené à se transformer en profondeur. Ce qui explique ces évolutions : les mutations technologiques, le développement des énergies renouvelables, les normes plus exigeantes, les nouveaux usages impulsés par la digitalisation, avec notamment les logements connectés et les réseaux intelligents ou smart grids,… Le constat est similaire pour des métiers tels qu’électricien intégrateur, technicien de maintenance électrique ou ingénieur d’études électriques. De nouvelles spécialités liées à la montée en puissance de l’environnement numérique gagnent en importance. C’est le cas des data analysts ou des ingénieurs en cybersécurité. Mais des métiers industriels plus traditionnels comme soudeurs, robinetiers ou frigoristes sont également suivis de près.
Trois axes pour satisfaire les nouveaux besoins
Pour faire face à l’évolution des compétences et aux 200.000 nouveaux postes à pourvoir, l’étude pointe la nécessité d’adapter l’offre de formation professionnelle continue, la plus à même d’accompagner la montée en compétences des salariés sur des modules courts et opérationnels. L’accent est particulièrement mis sur les TPE et PME qui représentent 40% des entreprises du secteur. Deuxième axe : l’attractivité auprès des jeunes. Même si la filière ressent une difficulté à susciter les vocations, elle dispose d’atouts pour séduire les nouvelles recrues. Les énergies vertes, l’un des piliers de la lutte contre le réchauffement climatique, bénéficient d’une bonne image, et ne sont pas qu’une vitrine. Elles créent beaucoup d’emplois, sur des lieux de production décentralisés, répartis dans toute la France. L’ancrage territorial est d’ailleurs une des caractéristiques fortes de la filière électrique. Deux tiers de ses emplois sont situés en aval de la chaine de valeur, au plus près des zones de production et de consommation. Des emplois durables, non délocalisables. Ce qui garantit aux entreprises de la filière de trouver une oreille attentive auprès des acteurs des territoires. Leur participation à la gestion des problématiques de compétences et d’emplois constitue le troisième axe proposé dans l’étude. Il s’agit tout bonnement de contribuer du même coup à la transition énergétique, à la lutte contre le chômage et au renforcement du rôle des territoires. Difficile d’y trouver à redire.