Interindustrie

Panorama emploi-compétences mutations industrielles de la région Normandie

La Normandie : terre de production industrielle

Des pommes, des fromages, des paysages verdoyants… et une industrie puissante et diversifiée. Contrairement à ce que laisseraient penser certains clichés, la Normandie est une véritable terre d’industrie. L’Observatoire Compétences Industries lui a consacré une étude prospective inti-tulée Panorama Emploi-Compétences-Mutations industrielles de la Région Normandie. L’occasion de prendre conscience des caractéristiques et des atouts de l’interindustrie normande, mais aussi des défis qui la guettent, et notamment celui de parvenir à recruter et former les ouvriers et techni-ciens qui feront fonctionner ses usines dans le futur .

La Normandie, atelier de la France ?

En 2020, l’interindustrie normande employait près de 170.000 personnes, un chiffre sur la pente ascendante depuis 2017, et qui pèse lourd au niveau régional : plus de 20% des effectifs salariés ! Les gros employeurs de la région sont des noms célèbres de la Métallurgie – notamment des indus-tries automobiles, aéronautiques et navales – ainsi que des leaders des secteurs de l’énergie et du pétrole. Certains grands groupes de l’industrie pharmaceutique et de la chimie sont également représentés dans la région.

Si ces entreprises à dimension nationale et internationale comptent dans le paysage industriel nor-mand, ils ne doivent pas en masquer la diversité. D’abord, d’autres secteurs occupent une place significative dans l’emploi et dans les projets de recrutement. C’est notamment le cas des branches Plasturgie et Caoutchouc, ou des industries créatives. Ensuite, la Normandie se distinguerait plutôt par le poids de ses grosses PME. Les établissements de 50 à 249 salariés représentent 30% de l’emploi industriel contre 23% au niveau national.

Enfin, l’industrie normande emploie une forte proportion d’ouvriers : 49% contre 38% dans l’ensemble du pays. À l’inverse, les ingénieurs sont plus rares : 17% contre 28% à l’échelle natio-nale. En Normandie, ce sont les fonctions de production et d’assemblage qui occupent le plus de salariés : 48% des emplois contre 37% dans toute la France.

Recrutements et formation des ouvriers au cœur des préoccupations

Les ouvriers qualifiés et non qualifiés figurent en tête des métiers les plus recherchés. 85% des employeurs signalent des difficultés à en recruter. Des tensions sont particulièrement vives sur les métiers de la maintenance ainsi que sur les soudeurs, chaudronniers et conducteurs de ligne.

Le problème pourrait prendre de l’ampleur dans les prochaines années. D’abord, 63% des em-ployeurs prévoient une hausse de leurs effectifs dans les fonctions de production et d’assemblage. Ensuite, les entreprises placent en tête de leurs préoccupations la modernisation de leur outil indus-triel. Dans cette perspective, les fonctions de production pourraient connaître de profondes trans-formations. C’est ce que prévoient trois employeurs sur quatre. En effet, l’automatisation des lignes de productions va exiger une montée en compétences des opérateurs. D’ici quelques années, ceux-ci devront, par exemple, manipuler des interfaces digitales et être en mesure d’assurer un premier niveau de maintenance. Ces mutations seront d’autant plus rapides pour les entreprises qui s’intéressent à des marchés clients soumis à une forte pression internationale et technologique, comme l’automobile. Ce marché concerne, de près ou de loin, une entreprise industrielle sur deux en Normandie.

Enfin, comme dans de nombreuses régions, la pyramide des âges laisse présager de forts besoins d’ici quelques années à peine. En 2017, 17% des effectifs avaient 55 ans ou plus. En appliquant cette proportion aux chiffres actuels, on peut évaluer à 29.000 le nombre de départs en retraite au cours des 5 à 7 prochaines années, soit 4 à 6.000 recrutements juste pour remplacer les partants.

Mises bout à bout, ces données ne laissent pas d’autre choix aux entreprises industrielles que d’anticiper leurs besoins de recrutements. Elles offrent aussi de bons arguments aux organismes de formation pour convaincre les jeunes Normands de franchir les portes de l’industrie pour se cons-truire une belle carrière à deux pas de chez eux.