État des lieux de l’emploi dans l’industrie du Papier Carton

L’industrie du Papier Carton n’a pas dit son dernier mot

La révolution digitale n’a pas ménagé l’industrie du Papier Carton. Certes, la presse, les courriers à la famille et les documents administratifs sont massivement passés au numérique. Mais, à y regarder de plus près, d’autres évolutions dans les modes de consommation se sont révélées plus favorables. Aujourd’hui, l’industrie du Papier Carton reste un acteur important dans le paysage industriel français, avec ses atouts, ses perspectives et ses problématiques. Cette étude, publiée en février 2021 par l’Observatoire prospectif des métiers, des qualifications et des compétences intersecteur Papier Carton dresse un état des lieux très instructif de l’emploi dans le secteur, et permet d’entrevoir les défis qui attendent les employeurs.

Emploi : la réduction des effectifs ralentit

L’industrie du Papier Carton en France enregistre un chiffre d’affaires de 20,3 milliards d’euros qui place le pays au troisième rang européen, derrière l’Italie et l’Allemagne, en première position. Tandis que nos voisins d’Outre-Rhin ont renforcé leurs effectifs dans le secteur au cours des quinze dernières années, l’industrie française a perdu près de 20.000 emplois entre 2005 et 2020, date à laquelle le secteur dénombrait environ 63.500 salariés. Ce déclin de l’emploi s’inscrit – en l’amplifiant – dans une tendance plus large qui a touché toute l’industrie hexagonale. Sur les dix dernières années, la diminution des effectifs a toutefois ralenti : -1,7% par an contre -3,2% au cours de la décennie précédente.   Hormis une période de forte baisse entre 2005 et 2008, l’évolution de l’industrie française du Papier Carton est d’ailleurs assez comparable avec celle des pays voisins.

Fortunes diverses pour les sous-secteurs

La fabrication de papier impression écriture a durement souffert du triomphe du numérique. Ce marché, majoritaire jusqu’à la fin des années 1990 a fondu pour devenir nettement minoritaire aujourd’hui. Mais tous les sous-secteurs n’ont pas les mêmes préoccupations en tête. En ce qui concerne la production de pâte à papier, de papier et de carton, c’est plutôt la concurrence étrangère qui pèse sur l’activité et l’emploi. D’autant que l’automatisation et la hausse de la productivité réduisent les besoins de main d’œuvre. Sur les 10 dernières années, l’emploi salarié s’est plus fortement dégradé dans les activités de fabrication (-2,8% par an). Les activités de transformation des produits de base en produits finis ont mieux résisté (-1,3% par an).

Certains sous-secteurs ont même plutôt le vent en poupe. La production de papier d’hygiène prospère. Les activités d’emballage et d’étiquetage bénéficient d’un marché en croissance avec le développement du commerce en ligne et de la vente à emporter, mais aussi du fait du « plastic-bashing » qui positionne l’emballage carton comme une solution durable. Surtout, ces activités sont quelque peu protégées de la concurrence extérieure dans la mesure où, d’une part, elles répondent à des besoins personnalisés ou des petites séries, et d’autre part, elles s’exercent généralement proche des lieux de consommation, pour des questions de coûts de transport. Leurs clients se situent rarement à plus de 100 kilomètres !

Un maillage serré sur l’ensemble du territoire

L’industrie est donc présente sur tout le territoire dans une répartition assez homogène des entreprises et des emplois. Les Régions du Grand-Est et de Nouvelle-Aquitaine se distinguent légèrement avec plus de 8.000 salariés recensés.

Les emplois de l’industrie du Papier Carton, ce sont surtout des ouvriers qualifiés, à plus de 55%. Les procédés de fabrication sont, en effet, complexes, techniques, spécifiques. La tendance est d’ailleurs à une augmentation du niveau de qualification à l’embauche. En 2019, plus de la moitié des recrues étaient en possession d’un diplôme de niveau Bac+2 ou plus, contre seulement 20% en 2003. À peine 17% des salariés de moins de 30 ans présentent un niveau inférieur ou égal au CAP, contre 72% chez les 50 ans et plus. Cette exigence de qualification à l’embauche s’accompagne d’une difficulté de plus en plus grande à recruter : 56% des projets de recrutement étaient jugés difficiles en 2020 -soit à peine plus que le reste de l’industrie-, contre 43% en 2017.

Un impérieux besoin de forces vives, jeunes et qualifiées

Or le secteur va devoir recruter. Sa pyramide des âges est déséquilibrée. Les salariés de 50 ans et plus comptent pour 34% des effectifs. Les salariés de moins de 30 ans ne pèsent que 12% dans la branche en 2019, contre 17% dans l’ensemble de l’industrie. Du côté des apprentis, le secteur Papier Carton se situe en queue de peloton : les alternants ne représentent que 1,9% du personnel contre 3,6% pour l’ensemble de l’industrie, et 6% pour la maroquinerie. La branche a, en revanche, mis sur pied un système de formation continue et de certification ambitieux, qui permet de former des recrues non qualifiées et d’accompagner l’évolution des carrières. Ce qui se traduit par une bonne fidélisation des salariés : 60% d’entre eux ont plus de 9 ans d’ancienneté.

Le principal défi du secteur est sans doute celui de l’attractivité : pour faire face aux besoins de main d’œuvre et surtout de montée en compétence, afin d’accompagner la nécessaire numérisation de l’outil de production. C’est un défi qui concerne les entreprises de la branche, mais également l’ensemble des acteurs de la politique de la formation et de l’emploi. Car si le secteur ne représente pas directement un enjeu stratégique prioritaire pour les pouvoirs publics, ses entreprises constituent un maillon essentiel de la chaine de production pour de nombreuses activités, et une opportunité d’emploi pour de nombreux jeunes. À ce titre, cette industrie de proximité qui quadrille tout le pays a un rôle à jouer dans l’aménagement et la cohésion des territoires. Ce qui est un enjeu stratégique prioritaire.