Enquête sur les besoins en compétences, recrutements et formations
Contexte et méthodologie
L’étude, menée en avril 2025 par Majors Consultants vise à comprendre l’impact des évolutions du marché sur l’organisation, les offres et les métiers de l’industrie de la chaussure.
Elle a été réalisée en deux phases : une enquête qualitative auprès de 12 grandes entreprises (et quelques autres pour diversifier le panel) puis une enquête quantitative par téléphone auprès de 178 entreprises. Au final, 50 entreprises représentant 67 % des salariés de la branche ont participé, apportant une vision représentative des réalités du secteur.
Évolutions du marché et impacts
Les entreprises font face à un marché français resserré où les ventes en boutique déclinent au profit de la vente en ligne et directe. Cette transformation s’accompagne d’un changement des comportements consommateurs, qui privilégient désormais les produits Made in France, éco-responsables et de haute qualité. Parallèlement, la concurrence asiatique et l’essor de la seconde main obligent les entreprises à adapter leur modèle : elles investissent dans la digitalisation, adoptent de nouveaux outils (comme des ERP, logiciels 3D et techniques robotisées) et repensent leur organisation pour améliorer la polyvalence de leurs équipes et réduire la pénibilité. Ces transformations interviennent également sous la pression de normes environnementales et réglementaires renforcées.
Métiers sensibles et difficultés de formation
L’enquête identifie certains métiers sensibles, en particulier celui de « piqueur » et de « monteur ». Ces postes requièrent des compétences techniques pointues et des formations internes souvent longues (allant de plusieurs mois à plusieurs années) alors que l’offre externe reste limitée. Le recrutement dans ces métiers est compliqué par la rareté des profils expérimentés et par une forte exigence sur la maîtrise des techniques spécifiques de fabrication (cousu, soudé, injecté). Le secteur dispose en grande partie d’une stratégie de formation interne, se basant sur l’expérience et la motivation des salariés plutôt que sur des cursus de formation préétablis.
Besoins en formation et recrutement
Face à ces enjeux, environ 70 % des entreprises prévoient de former leurs salariés en 2025, majoritairement via des dispositifs internes. La volonté se porte sur des formations
qualifiantes couplées, pour certains, à des options diplômantes (comme le CTC ou les Compagnons du devoir), afin de réduire le temps de formation et d’accroître la polyvalence des équipes. Par ailleurs, l’intérêt se porte sur la mise en place d’une formation généraliste « agent de fabrication », qui constituerait un socle commun pour les futurs spécialistes (CQP coupeur, monteur ou piqueur). Sur le plan du recrutement, 46 % des entreprises envisagent de pourvoir au moins un poste, principalement en production, même si elles anticipent d’importantes difficultés liées au manque de candidats formés et à la concurrence de secteurs connexes (par exemple, le luxe).
Premières réflexions et perspectives
Le document conclut que la transformation digitale et industrielle du secteur impose une réorganisation globale : moderniser les outils de production, investir dans la formation des métiers sensibles et repenser les dispositifs de recrutement. L’enjeu principal est bien d’assurer une montée en compétences rapide des nouveaux entrants et de fidéliser les experts, pour accompagner durablement l’évolution et la compétitivité de la filière.
Les innovations technologiques comme l’impression 3D et les matériaux biodégradables pourraient transformer encore davantage le secteur dans les années à venir. Ces avancées permettraient de réduire l’impact environnemental tout en augmentant la compétitivité des entreprises françaises face à la concurrence internationale. Par ailleurs, la montée en puissance des outils numériques et des techniques robotisées pourrait accélérer la modernisation des processus de production, offrant ainsi des opportunités pour développer des produits encore plus personnalisés et adaptés aux attentes des consommateurs.