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    Étude prospective emplois et compétences de la branche professionnelle

    Industries céramiques : de la cuisine aux navettes spatiales

    Réputée pour sa résistance à l’usure, aux vibrations et aux températures élevées, sa dureté et sa faible conductivité, la céramique s’est faite une place aussi bien dans la vie domestique (carrelage, sanitaire, vaisselle, vitrocéramique…) que dans les hautes technologies (boucliers thermiques, blindages, prothèses, pièces mécaniques, roulements, micro-composants, isolateurs, condensateurs…). Ce secteur, emblématique d’un savoir-faire hexagonal historique, met en œuvre une grande diversité de métiers, de tous niveaux de formation, sur l’ensemble du territoire. En vingt ans, l’activité artisanale et industrielle de la branche a toutefois été bouleversée par la mondialisation, puis par la crise sanitaire. L’Étude prospective emplois et compétences de la branche céramique dresse un bilan de cette évolution et fixe un cap pour relever les défis à venir et notamment celui de l’attractivité.

    Des entreprises confrontées à la mondialisation

    La céramique destinée à l’usage domestique (céramiques sanitaires, carreaux céramiques et secteur de la porcelaine-poterie-faïence) a particulièrement souffert de la concurrence des pays à faible coût de main-d’oeuvre. Fortement concurrencées sur l’entrée de gamme, de nombreuses TPE et PME ont cessé leur activité en France, tandis que les plus grandes entreprises ont recentré leur production nationale sur des produits hauts de gamme ou de grande dimension. En dix ans, la céramique sanitaire a ainsi perdu 70 % de son activité et la moitié de ses usines sur le territoire. La crise du Covid n’a rien arrangé. Néanmoins, après une forte chute de la demande pour la construction et les arts de la table en 2020, suite à la mise à l’arrêt du bâtiment, de l’hôtellerie-restauration, du tourisme et du commerce, ces segments de marché ont enregistré une belle reprise de leurs commandes courant 2021.

    Plus important marché de la branche avec 50 % de l’activité, le secteur des céramiques réfractaires, utilisées dans la sidérurgie, la métallurgie et la verrerie, a, quant à lui, été lourdement touché par la fermeture des hauts-fourneaux dans l’Hexagone et la forte concurrence des produits chinois ces dix dernières années. Ce secteur, qui s’est tourné vers l’exportation notamment en Asie, a également souffert de la crise sanitaire avant de connaître un rebond en 2021. Autre marché, autres enjeux ! Les céramiques techniques connaissent une forte expansion depuis une dizaine d’années grâce à l’innovation et à l’export. Et ce, grâce à un positionnement plus porteur sur de nombreuses niches œuvrant pour des secteurs de pointe comme l’aéronautique, le spatial, le médical, l’automobile, les télécommunications ou l’électronique.

    Des métiers en tension et de nouveaux besoins

    Dans ce contexte de fragilisation industrielle, les industries céramiques déplorent un manque de visibilité auprès du grand public et d’attractivité auprès des jeunes. Le remplacement générationnel et la transmission des savoir-faire sont pourtant des enjeux majeurs pour cette activité, dont la population ne cesse de vieillir. Les moins de 30 ans ne représentent que 12 % des effectifs contre 15% pour le reste de l’industrie, tandis que les 55 – 59 ans comptent pour 17% des effectifs contre 13% pour l’ensemble des branches.

    Si l’on excepte les grands groupes de produits réfractaires et certaines entreprises des céramiques techniques, la plupart des fabricants avouent rencontrer des difficultés de recrutement sur les métiers de la production (ingénieur céramiste, modeleur, émailleur, couleur, tourneur) et de la maintenance (techniciens et agents de maintenance). Le problème est d’autant plus aigu que la branche céramique est confrontée à des défis qui impliquent de nouvelles compétences : la numérisation et la décarbonation de la production, ainsi que la digitalisation du marketing et l’essor du e-commerce. Ces évolutions exigent le recrutement de nouveaux profils dans de nouvelles fonctions : robotisation, impression 3D, innovation R&D, management RSE, économie circulaire, marketing digital, analyse de la donnée…

    Communiquer pour séduire les jeunes

    L’étude révèle que ses entreprises connaissent mal les formations aux métiers de la céramique, notamment les CQP existants. Il y a donc un travail de pédagogie à mener en direction des employeurs. Mais c’est bien la capacité de la branche à valoriser ses activités auprès des jeunes qui constitue le principal défi qu’elle doit aujourd’hui relever. Comment ? Par exemple, en mettant en avant la diversité de ses métiers alliant tradition et excellence à la française, dans des structures souvent à taille humaine, réparties sur l’ensemble du territoire. Elle peut également miser sur le dynamisme du secteur des céramiques techniques qui évolue dans un univers high-tech (aéronautique et spatial, médical, automobile, télécommunications, électronique…), susceptible de séduire des lycéens attirés par la physique-chimie et par des métiers en constante évolution. Partagée entre savoir-faire ancestraux et débouchés high-tech, la branche céramique a autant d’atouts à valoriser que de préjugés à combattre.