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Impact de l’intelligence artificielle sur les métiers cadres de l’industrie

Intelligence artificielle : impacts à tous les étages dans l’industrie

L’industrie et l’intelligence artificielle (IA) ont déjà une longue histoire commune. Dans leur démarche d’automatisation et de digitalisation de leur production, les entreprises industrielles ont su profiter des progrès colossaux de l’informatique en matière de puissance de calcul et de traitement des données. L’IA y est d’ores et déjà mobilisée pour réaliser des tâches complexes, par exemple, pour identifier des anomalies sur une ligne de production. L’étude menée en partenariat par l’Apec et l’Observatoire Compétences Industries (OPCO 2i) s’efforce de caractériser l’impact de l’irruption de l’IA sur les besoins en compétences de l’industrie. Composée d’un volet qualitatif riche, elle permet de mieux cerner les perceptions, les craintes et les besoins des cadres face au phénomène IA, amené à bouleverser leur univers de travail.

L’industrie en avance sur l’intelligence artificielle

Au premier semestre 2024, 3% des offres d’emploi cadre de l’industrie incluaient une mention IA, contre 2,2% pour l’ensemble des offres d’emploi cadre. Près de 60% de ces offres étaient liées à l’internet des objets. En effet, c’est grâce à des capteurs connectés que sont collectées les données qui seront traitées par l’IA pour gérer les approvisionnements, contrôler la qualité des produits, optimiser la production ou encore améliorer la maintenance. Les métiers du Big data ont également le vent en poupe.

Mais dans l’industrie, l’IA concerne une grande diversité de métiers qui dépasse les frontières des services informatiques. Ceux-ci ne sont à l’origine que de 31% des offres d’emploi cadre dans l’industrie, contre 44% pour l’ensemble des recruteurs tous secteurs d’activité confondus. Ainsi, les compétences liées à l’IA sont également recherchées par les services R&D, les services techniques, notamment pour le contrôle de la qualité, et même dans les activités commerciales et marketing.

Grandes entreprises et branche Métallurgie

Entre 2019 et 2023, les offres en lien avec l’IA publiées par les recruteurs de l’industrie ont cru de +56% tandis qu’elles n’ont progressé que de +13% pour l’ensemble des recruteurs. Cette hausse semble essentiellement portée par un type bien précis d’entreprises industrielles. En effet, au premier semestre 2024, 73% de ces offres ont été publiées par des entreprises de plus de 250 salariés. Et les entreprises de la branche Métallurgie en concentrent 8 sur 10, une proportion bien supérieure à sa part dans l’emploi industriel qui se situe à 55%. Enfin, l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie comptent pour près des deux tiers de ces offres d’emploi.

Nouvelle transition, nouveaux besoins de formation

L’IA impose une nouvelle transition aux entreprises industrielles. Les grandes entreprises très innovantes s’appuyant sur des process automatisés ont pris un temps d’avance. Celles-ci affrontent de nouveaux défis, par exemple, en matière de cybersécurité et de protection des données. Seuls les grands groupes industriels devraient avoir les moyens de développer des technologies d’IA propriétaires.
Naturellement, les progrès de l’IA se traduiront par la montée en puissance des métiers de la data, ou encore l’intégration de nouvelles expertises aux métiers existants (Project manager IOT, etc. ). Les cadres opérant dans les services R&D ou dans la gestion de process, le plus souvent des ingénieurs, présentent déjà un niveau de connaissance et d’usage de l’IA plus avancé. L’impact de l’IA sur les compétences dépasse largement le cercle des experts, et concerne de plus en plus de fonctions dans l’entreprise. En effet, l’émergence des IA génératives (ChatGPT et autres) tend à rebattre les cartes. Médiatisées et accessibles à tous, elles sont perçues par l’ensemble des cadres comme des outils puissants, susceptibles d’optimiser les capacités humaines. Mais elles sont également sources d’inquiétude. Les cadres craignent de perdre en autonomie ou en maîtrise dans leur travail, d’être mis en difficulté par l’exigence de nouvelles compétences, d’être déclassés ou même remplacés. Une problématique sociale de taille pour les entreprises. Aussi, le besoin de formation le plus urgent se porte-t-il, dans un premier temps, sur l’acquisition d’une culture de base permettant d’apprivoiser l’IA, afin de tirer le meilleur parti de cette nouvelle technologie désormais incontournable.