Interindustrie

Les besoins emploi-compétences des métiers d’art au sein des branches professionnelles de l’interindustrie

Les métiers d’art : petits effectifs, grands enjeux

Les métiers d’art ont une place à part dans l’industrie. Ils contribuent à perpétuer des savoir-faire patrimoniaux, indispensables et fragiles, qui font rayonner la France à l’international. On les retrouve répartis dans 12 branches professionnelles, où ils partagent des problématiques très spécifiques. Pour y apporter des réponses, il est essentiel de bien cerner, connaître, définir, et comprendre ces métiers. L’Observatoire Compétences Industries s’y est employé en étudiant Les besoins emploi-compétences des métiers d’art au sein des branches professionnelles de l’interindustrie.

Environ 30.000 salariés de l’industrie travaillent dans les métiers d’art

Les métiers d’art sont des métiers manuels artisanaux de création, de production ou de restauration qui font appel à des savoir-faire traditionnels de haute technicité et nécessitant un apport artistique. La liste en est précisément définie par l’arrêté ministériel de décembre 2015, relatif à la loi Pinel. 228 métiers appartenant à cette liste sont présents dans l’industrie. Une cinquantaine d’autres métiers leur ont été rattachés dans cette étude. Ces métiers (ébénistes, orfèvres, souffleurs de verre, ferronniers, céramistes et bien d’autres) répondent, au moins, à trois critères qui légitiment leur intégration à cette prestigieuse catégorie (savoir-faire de haute technicité, savoir-faire rare, expertise acquise en poste, fabrication en petites séries, d’objets pérennes et fonctionnels, et à forte valeur-ajoutée).

L’étude a consisté à estimer, au plus juste, en fonction de l’activité des différentes entreprises, la part des salariés qui relevaient de ces métiers. Au terme de ce travail de détail, il apparaît que 23 000 à 36 000 salariés exercent un métier d’art dans l’interindustrie, soit environ 1% des effectifs totaux.

Des savoir-faire patrimoniaux à préserver

Les métiers d’art ne pèsent pas lourd quantitativement. Leurs effectifs sont éparpillés sur tout le territoire national. Ils se répartissent sur près de 300 spécialités qui ont en commun une grande dextérité et un certain sens esthétique mais qui développent, chacune, une expertise unique. C’est ce qui rend particulièrement difficile la formation et le recrutement de nouvelles forces vives. 47% des entreprises considèrent l’offre de formation continue insuffisante, et 44% jugent la formation initiale inadaptée, souvent trop généraliste, pas assez pratique. Pour ces métiers, l’essentiel de l’apprentissage se joue dans l’entreprise. 69% pratiquent la formation sur poste de travail. C’est là que les compétences s’acquièrent et se transmettent.

Or, 25% des salariés exerçant un métier d’art ont 55 ans et plus. Les employeurs font face à un double défi pour les années à venir : remplacer les départs et transmettre les savoir-faire (mais aussi les développer face aux mutations à l’œuvre : évolution des modes de consommation, digitalisation, transition écologique). L’enjeu est vital pour nombre d’entreprises et même pour l’industrie française. Dans la Maroquinerie, par exemple, les métiers d’art représentent près d’un tiers des effectifs.

Mais leur nombre n’est certainement pas le bon critère pour évaluer leur importance. Dans beaucoup d’entreprises, leur rôle est crucial et de nombreux autres emplois en dépendent. En contribuant à concevoir et fabriquer des produits d’exception, ils véhiculent une image d’excellence qui profite à l’ensemble de la production. C’est particulièrement vrai dans les univers de la mode, du luxe et de la création.

Métiers d’art, métiers à part

En dépit de son émiettement, l’offre de formation initiale existe bien, mais les métiers d’art souffrent d’un déficit d’attractivité auprès des jeunes, réticents à s’engager dans une activité dont la pleine maîtrise exige des années de pratique. Les salariés en reconversion pourraient constituer un vivier important, à condition d’adapter à leur profil, l’accueil en entreprises et les dispositifs de formation.

Puisque c’est au cœur des entreprises, elles-mêmes, que l’essentiel des compétences perdurent et se transmettent, l’une des solutions pourrait consister à mieux accompagner les entreprises dans cette tâche : développer des formations continues à destination des professionnels expérimentés pour les aider à transmettre leur savoir-faire, faciliter le déploiement des dispositifs AFEST, cibler des actions de promotion…

Véritable clé de voute d’un pan de l’industrie française, les métiers d’art obéissent à une logique à part. L’étude doit permettre d’en prendre conscience et de sensibiliser les pouvoirs publics, les collectivités, le monde de l’emploi-formation et les conseillers OPCO 2i à la spécificité des besoins des entreprises en la matière. Car si ces métiers sont indispensables à l’industrie, l’industrie est également indispensable à la préservation de leurs savoir-faire patrimoniaux.