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Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Île-de-France

Île-de-France : terre d’innovation, terre de production

Dotée d’une économie puissante, l’Île-de-France accueille de nombreux sièges sociaux d’entreprises industrielles mais aussi des sites de production emblématiques, des centres de recherches, des start-up innovantes, et un tissu dense de PME industrielles aux activités les plus diverses. L’étude « Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Île-de-France » en dresse le portrait et fournit une estimation de ses besoins en recrutements sur les prochaines années : plus de 83 000 par an entre 2025 et 2030. Le système de formation pourra-t-il faire face à cette demande ? L’étude produit des éléments de réponse en examinant 22 métiers en détail.

Un poids lourd de l’industrie française

Forte de 619 000 salariés, l’industrie d’Île-de-France rassemble un cinquième des effectifs nationaux. Depuis la crise du Covid, l’emploi industriel a rebondi de +4%, initiant une dynamique de rattrapage consécutive à une baisse qui a frappé l’ensemble de l’industrie française. Les branches professionnelles de la Métallurgie, de la Chimie et des Industries pharmaceutiques regroupent les trois quarts des effectifs soit 450 000 salariés. D’autres activités sont particulièrement sur-représentées dans la région Île-de-France : la quasi-totalité des effectifs de la branche Couture parisienne y travaillent, ainsi que la moitié de ceux des branches Bijouterie, joaillerie, orfèvrerie et horlogerie et des Industries pétrolières. L’industrie francilienne peut se flatter d’ouvrir plus largement la porte aux femmes que le reste du pays. Celles-ci occupent 39% des emplois industriels contre 30% en moyenne en France. Cette tendance se retrouve dans quasiment toutes les familles de métiers. En production et assemblage, les femmes représentent 28% des effectifs contre 23% dans le reste du pays.

Une région de production

L’Île-de-France est la première région industrielle en nombre de salariés. Elle présente toutefois des spécificités liées au poids de ses sièges sociaux qui se concentrent particulièrement dans les Hauts-de-Seine. Les cadres et ingénieurs pèsent 53% des effectifs. Les métiers de gestion et fonctions support, et ceux des achats et ventes occupent plus de la moitié des salariés. Les niveaux de qualification sont bien plus élevés qu’ailleurs.

Néanmoins, 24% des effectifs régionaux, soit près de 150 000 salariés, sont affectés aux fonctions de production et de maintenance. Un total comparable à celui qu’on trouve dans de vastes régions industrielles comme les Hauts-de-France ou encore le Grand-Est. De plus, les métiers de conception et R&D pèsent 15% des effectifs. L’Île-de-France est donc bien un poids lourd industriel, couvert de sites de production et de laboratoires de recherche.

Des besoins en recrutements importants

L’étude évalue les besoins en recrutements de l’industrie francilienne à 83 500 par an, entre 2025 et 2030. 83% de ces recrutements annuels sont dus aux mobilités externes tandis que les départs en retraite seront à l’origine de 12 500 recrutements par an. Les familles de métiers Gestion et fonction supports et Planification QHSE devraient connaître une progression de leurs effectifs, tandis que les métiers de la Conception et R&D, véritable spécificité régionale, sont en décroissance plus marquée. Leurs effectifs devraient chuter de -1 900 par an au cours des prochaines années.

Une attractivité à renforcer notamment vers les métiers de la production

L’adéquation entre offre de formations et besoins de recrutements est analysée en détail sur 22 métiers interindustriels, en tension, en mutation ou encore présentant un défi en matière de formation. L’étude ne révèle pas de difficultés majeures sur les plans qualitatif et géographique. Les contenus pédagogiques sont en phase avec les besoins des entreprises, même si certaines spécialisations ou les compétences liées aux transitions en cours – écologique, énergétique, numérique – demeurent insuffisamment prises en compte.

En revanche, le nombre d’apprenants semble lacunaire sur huit métiers, et notamment des métiers de la production, de la maintenance, et dans une moindre mesure de la conception. L’Île-de-France ne forme pas suffisamment de conducteurs d’équipements industriels, de techniciens de maintenance industrielle, de techniciens de fabrication additive, d’ajusteurs-monteurs, d’opérateurs des commandes numériques, ou de roboticiens… Un constat qui va à rebours de l’image d’une région constellée de sièges sociaux. En effet si l’industrie francilienne se distingue par son appétit pour les hauts diplômes et les fonctions administratives et commerciales, c’est dans ses sites de production et particulièrement sur les métiers de techniciens que ses besoins en forces vives sont les plus difficiles à combler. C’est sur ceux-ci que les parcours de formation et l’attractivité doivent être renforcés.