Interindustrie Lecture

Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Bretagne

La difficulté des recrutements, seul nuage dans le ciel de l’industrie bretonne

Parmi les nombreuses spécificités de la Bretagne, on peut citer ses 5 000 kilomètres de côtes escarpées, son identité singulière qui suscite un fort attachement à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire, mais aussi son faible taux de chômage : 5,8%, toujours l’un des plus faibles de toutes les régions françaises. L’économie bretonne, florissante, a créé 145.000 emplois depuis 2012, soit 3 points de plus que le reste de la France. Si la région évoque spontanément le tourisme ou l’agriculture, elle dispose également d’une industrie aussi plurielle et attrayante que ses paysages. En 2022, les entreprises de l’interindustrie* employaient plus de 100.000 personnes, soit 10% de l’emploi salarié dans la région. Et la tendance est à la hausse. L’étude « Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Bretagne » permet de mieux comprendre le dynamisme de l’industrie bretonne, et de prendre conscience de ses besoins aigus de compétences pour les années à venir.

Une industrie régionale plurielle

Si Rennes et Brest concentrent 36% des emplois de l’interindustrie en Bretagne, de nombreux bassins industriels maillent le territoire breton. Dans certaines zones comme Fougères, Redon, Vitré, Ploërmel, l’industrie emploie plus d’un salarié sur cinq. Des spécificités émergent ça et là : chimie à Redon, ameublement à Auray, papier carton à Quimperlé. Dispersées sur le littoral, plusieurs cen-taines de PME œuvrent dans l’industrie et les services nautiques. Mais ce sont les entreprises de la branche métallurgie qui dominent le paysage, avec notamment quelques leaders de l’industrie fran-çaise : Stellantis, Thales, présents dans la zone de Rennes, et surtout Naval Group, et ses 5.000 salariés bretons, dont une grande partie travaille sur les sites finistériens. 91% des entreprises indus-trielles bretonnes ont moins de 50 salariés ; mais elles ne pèsent que 36% des emplois. Les quelques 50 entreprises de plus de 250 salariés cumulent 29.500 salariés, soit 27% du total.

La Bretagne industrielle offre une remarquable variété. Les premiers marchés clients** des entreprises – l’alimentaire et notamment l’industrie agroalimentaire, ainsi que le bâtiment et travaux publics et l’agriculture – offrent des débouchés locaux à une diversité de secteurs d’activité : chimie, matériaux de construction, emballages, recyclage, menuiserie,… Mais la région accueille également des industries de pointe qui travaillent pour les marchés de la défense, de l’automobile, de l’aéronautique, ou encore pour le médical… 45% des entreprises industrielles bretonnes déclarent une activité à l’international.

Des tensions vives sur les métiers de la production

Le dynamisme de l’activité industrielle se traduit par une progression des effectifs : près de 9.000 salariés supplémentaires entre 2017 et 2022. Sur cette période, les projets de recrutement ont plus que doublé, passant de 4.330 à 9.440. La fabrication d’équipements électriques, électroniques, in-formatiques et la fabrication de machines comptent 1.380 projets de recrutements et pèsent un quart du volume de travail temporaire constaté en 2022 en Bretagne.

La main d’œuvre se fait rare et 69% des recrutements sont jugés difficiles. 91% des entreprises déplorent un manque de candidats, et 57% jugent que leurs compétences ne correspondent pas aux exigences des postes. Même si elles ne représentent que 39% des effectifs, les fonctions « production et assemblage » et « exploitation et maintenance » cumulent 77% des offres d’emplois. Et concentrent les plus grandes difficultés. Les métiers les plus recherchés : technicien de maintenance, ingénieur en procédés industriels, chaudronnier, soudeur. Les menuisiers d’atelier arrivent ensuite, assez logiquement, puisque la branche Menuiserie, charpentes et constructions industrialisées et portes planes est sur-représentée en Bretagne.

Aujourd’hui, l’attractivité, le recrutement et la fidélisation des salariés sont une priorité stratégique forte pour 92% des employeurs, et même la principale pour 38% d’entre eux. Dans un contexte marqué par l’instabilité géopolitique, l’inflation et les transitions écologique, numérique et énergé-tique, la première préoccupation des employeurs est à la fois basique et complexe : réussir à recru-ter. Reste à voir si la diversité et le dynamisme de l’industrie bretonne pourront être un levier d’attractivité plutôt qu’une difficulté supplémentaire exigeant des approches territoriale et sectorielle encore plus fines.

 

* Interindustrie : industrie manufacturière (hors agroalimentaire), production d’énergie, services énergétiques et recyclage.
** Marché client : marché dans lequel les entreprises trouvent leurs débouchés finaux.