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Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse

Emploi industriel en PACA et Corse : sur une dynamique exceptionnelle

Avec ses 154 000 salariés, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse représentent 5,3% des effectifs de l’industrie à l’échelle nationale. Leur part dans l’emploi salarié régional se situe légèrement sous la moyenne française aux alentours de 10%. Ces chiffres ne démentent pas l’image d’Épinal d’une région qui évoque d’abord le tourisme, le soleil et les beaux paysages plutôt que l’industrie. Pourtant, cette dernière affiche une santé resplendissante : ses effectifs ne cessent de progresser, ses entreprises sont positionnées sur des marchés porteurs et une grande variété d’activités s’y développent. C’est le tableau de cette dynamique très positive que dresse l’étude Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse.

Le boom des recrutements à 5 ans

Entre 2006 et 2023, l’emploi industriel en PACA-Corse a progressé de +9,3% tandis qu’il chutait de -8,6% en France. Seule l’Occitanie a fait mieux sur cette période. L’essentiel de la hausse est à mettre au crédit du récent rebond post-Covid bien plus marqué que dans le reste du pays. Sur les 5 dernières années, ce sont 11.000 nouveaux postes qui ont été créés dans l’industrie régionale.

La dynamique devrait se poursuivre dans les prochaines années, avec une augmentation attendue des effectifs, estimée à +8 000 d’ici 2030. En cumulant ces chiffres avec ceux des prévisions de départs en retraite et de mobilités externes, l’étude évalue les besoins en recrutement sur cinq années à un total de 130 000 personnes, soit 26 000 par an. Un défi RH colossal !

Une industrie variée ouverte sur le monde

Les trois quarts des recrutements escomptés émanent de la Chimie, des Industries de santé et de la Métallurgie. Des secteurs d’activité qui ont porté la progression de l’emploi industriel sur les vingt dernières années. L’industrie régionale a notamment su profiter de marchés porteurs à l’international : la défense, l’aéronautique, le naval ou encore le médicament. Le poids des entreprises qui déclarent une activité commerciale avec l’Asie (qui pèsent 60% de l’emploi régional) ou l’Amérique du Nord (48%) illustre cette ouverture – ou cette exposition – aux marchés extérieurs.

L’industrie régionale se distingue également par le poids de la Chimie et de l’énergie (Industries pétrolières, Industries électriques et gazières, Services d’efficacité énergétique) fortement sur-représentées. Tout comme l’Industrie et les services nautiques et leurs 1 225 établissements éparpillés sur le littoral qui rassemblent 20% des salariés de la branche professionnelle à l’échelle nationale.

Un tissu industriel dense organisé autour de trois pôles

Si l’industrie en PACA et Corse offre une belle diversité d’activités, elle est, en revanche, géographiquement très concentrée. Pôle majeur du territoire, la Métropole Marseille – Aix-en-Provence – incluant l’étang de Berre – pèse 55% des effectifs de la région, et accueille quelques fleurons de l’industrie tricolore : Airbus Helicopters, EDF, Enedis, ST-Microelectronics, Arcelor Mittal, etc. Les Alpes-Maritimes et la métropole de Toulon comptent également quelques entreprises leaders de dimension internationale : Naval Group, Thales Alenia Space, V. Mané et Fils spécialiste des arômes et parfum, Virbac, spécialiste de la santé animale.

C’est toutefois par le poids de ses PME que la région se distingue. Les entreprises de moins de 250 salariés occupent, en effet, 64% des effectifs soit presque 20 points de plus que leur part à l’échelle nationale (45%).

Des enjeux forts : l’attractivité et… la décarbonation

Tandis que les besoins en recrutements ont été multipliés par deux entre 2013 et 2023, l’industrie régionale affronte un défi en matière d’attractivité. 63% des recrutements y sont jugés difficiles. Une tendance particulièrement forte dans les métiers de la production, de l’exploitation et de la maintenance. Même si la région compte relativement peu d’ouvriers – 29% des effectifs contre 37% à l’échelle nationale – ceux-ci figurent dans le haut du classement des difficultés de recrutement, notamment dans les métiers de la maintenance et le travail du métal. Et ce en dépit d’une offre de formation abondante et relativement bien répartie sur le territoire. Également très demandés, les cadres d’étude et de recherche culminent à une part de 82% de recrutements jugés difficiles. Il est vrai que les profils cadres (31% des effectifs) et les fonctions Conception et R&D (13% des effectifs) sont sur-représentées dans la région. L’analyse de l’adéquation de l’offre de formation aux besoins révèle toutefois une bonne capacité du territoire à faire face à la demande, avec plus de 1 400 diplômés par an susceptibles de remplir ces missions.

Si le recrutement de nouvelles forces vives constitue un défi majeur, les entreprises industrielles régionales placent un tout autre enjeu en tête de leurs préoccupations : la conception et l’élaboration de produits plus respectueux de l’environnement. Cité comme une priorité stratégique à 3 ans par 74% des entreprises, cet enjeu précède même celui de l’amélioration de la performance de l’outil de production. Cet engagement déclaré dans la transition écologique constitue une véritable spécificité régionale. Elle confirme l’image d’une industrie prospère et sereine, et capable d’anticiper les grands défis de demain.