Les apprentis dans l’industrie : +40% en 3 ans !
Plébiscité par les entreprises et massivement soutenu par les politiques publiques, l’apprentissage a connu une envolée spectaculaire au cours des dernières années. Le nombre d’apprentis français a doublé entre 2019 et 2022, atteignant presque le million. Ce dispositif, toujours apprécié, suscite de nombreux espoirs. On attend de lui qu’il favorise l’insertion professionnelle des jeunes et offre des solutions de recrutement aux entreprises. Comment s’est-il développé dans l’industrie et remplit-il ses objectifs ? L’étude « Bilan et évolution de l’alternance dans l’interindustrie » donne les clés pour répondre à ces questions, avec des données totalement inédites sur le périmètre de l’interindustrie.
136.000 alternants dans l’interindustrie fin 2022
Au cours de l’année 2022, les entreprises industrielles ont signé 78.101 nouveaux contrats d’apprentissage. La hausse, +40% par rapport à 2020, est conséquente quoique légèrement inférieure à celle constatée sur l’ensemble des secteurs d’activité (+57%). Aux contrats d’apprentissage, il faut ajouter les contrats de professionnalisation qui ont modestement cru de +8% sur la même période, pour arriver à presque 15.000 nouveaux contrats signés en 2022. Ces contrats, qui permettent de prendre en main un poste de travail, sans nécessairement aboutir à une certification, se sont particulièrement développés dans certaines branches professionnelles, comme la Maroquinerie.
Au 31 décembre 2022, les entreprises de l’interindustrie* comptaient dans leurs rangs 136.000 alternants, soit 5% de l’ensemble des salariés. Dans certaines branches professionnelles – Habillement, Horlogerie, Bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, Jeux, jouets, puériculture – le nombre d’établissements ayant recours à l’alternance a bondi de plus de 50% sur la période. Dans d’autres – Ciments, Maroquinerie, Fabrication de l’ameublement – l’alternance, déjà très répandue auparavant, se pratique désormais dans plus de 40% des établissements.
Les diplômes du supérieur en force et en hausse
Les apprentis de l’interindustrie ont en moyenne 21,5 ans. 84% d’entre eux visent un diplôme du supérieur, à bac+2 et au-delà. 40% convoitent un niveau bac+5, master, DEA, ingénieur… Dans l’industrie, les apprentis sont plus âgés, et plus qualifiés. Mais, au-delà de la généralité, de grandes variations apparaissent d’une branche professionnelle à l’autre. Deux tiers des apprentis de la branche professionnelle Industrie pharmaceutique sont en route pour un Bac+5, tandis qu’à l’inverse, deux tiers des apprentis de la branche professionnelle Fabrication de l’ameublement visent un diplôme inférieur ou égal au Bac. Des différences se dessinent entre les industries « de process » qui forment prioritairement les apprentis vers des qualifications de niveau supérieur, et les industries de « savoir-faire » qui utilisent l’alternance pour former des salariés opérationnels à des niveaux CAP et Bac Pro.
En matière d’insertion professionnelle, l’étude confirme que la bonne réputation de l’apprentissage n’est pas usurpée. La plupart des formations connaissent d’excellents taux de réussite aux examens et des taux d’emploi supérieurs à 70% après 6 mois. La comparaison des certifications révèle toutefois quelques variations, et une tendance générale à une insertion plus lente sur le marché du travail pour les diplômes de niveau 3. Par exemple, les CAP Menuisier fabricant, Électricien ou Réalisations industrielles en chaudronnerie affichent un taux d’emploi légèrement supérieur à 50% à 6 mois, tandis qu’à 24 mois, leur taux d’emploi rejoint celui des autres diplômes.
L’alternance et le défi des compétences
Dans une période où de nombreuses entreprises font état de difficultés à recruter, il serait sans doute souhaitable de développer l’apprentissage sur les formations qui conduisent à des métiers en tension. C’est déjà plutôt le cas : 56 % des alternants ayant signé un contrat en 2022 dans une entreprise de l’interindustrie visent une certification de la catégorie « Production, conception, maintenance, logistique », là où les pénuries sont les plus criantes. Par ailleurs, le trio de tête des certifications visées par les alternants correspond bien à des compétences prisées des entreprises industrielles : BTS Maintenance des systèmes, Bac Pro Technicien en chaudronnerie industrielle, et BTS Électrotechnique. Néanmoins, de fortes divergences apparaissent d’une branche professionnelle à l’autre. L’étude a tenté de déterminer, pour chacune, la part des alternants visant une certification identifiée comme « cœur d’activité ». Certaines branches professionnelles – Métallurgie, Fabrication de l’ameublement, Services d’efficacité énergétique, Couture parisienne – concentrent plus de 60% de leurs alternants dans des formations répondant à des besoins prioritaires. Dans d’autres branches professionnelles, ce taux ne dépasse pas les 20%. Cet indicateur, comme de nombreux autres, permet de bien comprendre ce qu’est cette étude. Non seulement un instrument de connaissance et de compréhension de l’alternance ; mais surtout un outil de pilotage au service des branches professionnelles. Car si l’apprentissage a connu un développement fulgurant au cours des dernières années, il ne fait aucun doute que ce dispositif souple et adaptable, pourra encore mieux, au cours des années à venir, répondre aux besoins et aux stratégies des entreprises industrielles.