Étude d’opportunité pour la création d’une certification : Responsable d’exploitation recyclage

Face à la transformation du secteur du recyclage et à l’évolution rapide des métiers, la branche des industries et commerces de la récupération a conduit, avec l’appui d’OPCO 2i, une étude d’opportunité pour évaluer la pertinence de créer une certification dédiée au poste de responsable d’exploitation.

Les résultats, présentés en janvier 2025, confirment l’intérêt de créer un Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) pour répondre aux enjeux de professionnalisation, de montée en compétences et d’attractivité du métier.

Un métier clé au cœur des mutations du recyclage

Le responsable d’exploitation en recyclage assure la gestion opérationnelle d’un site de tri et de valorisation des déchets : planification, pilotage des flux, management des équipes, suivi de la performance et conformité réglementaire.
Véritable pivot entre la direction et le terrain, il garantit la sécurité, la qualité, et l’efficacité économique du site.

Présent dans 91 % des entreprises du secteur, ce poste représente environ 2 300 salariés à l’échelle nationale, dont 96 % en CDI. Si 60 % des responsables d’exploitation sont issus du terrain sans diplôme formel, leur rôle n’en est pas moins stratégique.

Le métier connaît aujourd’hui de profondes mutations :

• Renforcement des exigences réglementaires (loi AGEC, normes environnementales, nouvelles filières REP),

• Automatisation et digitalisation des centres de tri,

• Complexité accrue du management et du suivi d’indicateurs,

• Pression concurrentielle liée à la diversification des flux et des acteurs.

Ces évolutions nécessitent une actualisation des compétences, tant sur les aspects techniques et réglementaires que sur les dimensions managériales et comportementales.

Des besoins forts en formation, mais une offre insuffisante

L’étude montre que les entreprises jugent l’offre de formation peu adaptée à leurs besoins spécifiques, notamment pour les métiers liés au recyclage des métaux, plastiques ou bois.
Les formations internes restent majoritaires, appuyées sur la transmission des savoirs par l’expérience.

Les rares formations existantes, telles que la Licence professionnelle « Responsable d’exploitation des industries du recyclage » (Université d’Artois), ne sont plus actives au RNCP depuis 2025.
Cette absence de parcours reconnu accentue les difficultés de recrutement et freine la structuration des carrières.

Un réel intérêt pour une certification dédiée

Près de 42 % des entreprises interrogées se disent intéressées par la création d’un CQP « Responsable d’exploitation Recyclage ».
L’intérêt est particulièrement marqué chez les structures de plus de 50 salariés, et unanime dans les entreprises de plus de 250 salariés.

Les motivations sont claires :

• Faire monter en compétences les salariés déjà en poste,

• Structurer les parcours professionnels,

• Renforcer l’attractivité du métier et du secteur,

• Répondre à la pénurie de profils qualifiés.

Le potentiel estimé est d’environ 500 salariés concernés dans les deux ans suivant la création du CQP.

Des freins à lever pour garantir le succès

L’étude met toutefois en lumière plusieurs obstacles à surmonter :

• Méconnaissance du dispositif CQP (seules 8 % des entreprises interrogées y ont déjà eu recours),

• Complexité administrative et coûts perçus comme élevés,

• Contraintes organisationnelles liées à l’absence des salariés en formation,

• Une culture du métier reposant encore sur la formation “sur le tas”.

Ces freins appellent un accompagnement renforcé des entreprises et une communication pédagogique autour de l’intérêt du dispositif.

Des leviers d’action identifiés

Pour assurer la réussite du futur CQP, plusieurs leviers sont proposés :

• Sensibiliser et informer les entreprises à travers des campagnes de communication et des webinaires dédiés,

• Accompagner la mise en œuvre avec des interlocuteurs dédiés (conseillers OPCO, organismes de formation habilités),

• Développer des parcours modulaires et flexibles, compatibles avec les contraintes des PME,

• Valoriser les formations internes et favoriser la VAE,

• Déployer une expérimentation avec un groupe d’entreprises volontaires déjà engagées dans la démarche de certification.

Une opportunité stratégique pour la branche

Cette étude confirme qu’il existe un réel besoin de professionnalisation du métier de responsable d’exploitation, essentiel à la performance et à la durabilité des entreprises du recyclage.
Le CQP constituerait un levier fort de reconnaissance, d’attractivité et de montée en compétences, tout en contribuant à structurer la filière autour de standards partagés.

En s’appuyant sur une ingénierie rigoureuse, un accompagnement adapté et une communication ciblée, la mise en place du CQP « Responsable d’exploitation Recyclage » pourrait devenir un outil stratégique au service de la transition écologique et industrielle du secteur.