Étude prospective des évolutions et mutations des marchés à l’international et leurs effets sur l’emploi et les besoins en compétences
Les entreprises françaises de l’ameublement à la conquête du monde ?
Dans la branche professionnelle Fabrication de l’ameublement, les effectifs sont repartis à la hausse depuis 2019. Un signe prometteur qui ne masque pas une certaine fragilité. Le marché français reste sous la domination d’une une concurrence étrangère qui gagne du terrain, tandis que les exportations progressent faiblement. Comment accompagner le développement à l’international des PME françaises de l’ameublement ? Des réponses sont à trouver dans l’ « étude prospective des évolutions et mutations des marchés à l’international et leurs effets sur l’emploi et les besoins en compétences ».
Les entreprises françaises de l’ameublement enfermées dans l’Hexagone ?
Parmi les quelques 4000 entreprises françaises de l’ameublement, 73% sont des TPE de moins de 10 salariés. Les PME de plus de 20 salariés ne représentent que 15% des entreprises de la branche, mais emploient 60% de ses salariés. Ce sont ces entreprises qui possèdent un potentiel de développement à l’international, et qui font l’objet de l’étude.
À peine 15% du chiffre d’affaires des fabricants français de l’ameublement, soit 1,8 milliards d’euros, est réalisé à l’export. Ces performances sont le fait d’un petit nombre d’entreprises. En effet, les trois quart d’entre elles sont au mieux des exportateurs occasionnels.
Les freins au développement international des fabricants français sont multiples : une compétitivité coût fragile, pas d’image, de spécialité ou de positionnement clairement identifiés et une capacité d’investissement limitée.
La conquête du monde n’est pas un long fleuve tranquille
Développer les exportations demande une stratégie, des moyens et des compétences. L’étude expose les étapes clés de la démarche, en s’appuyant notamment sur l’expérience des entreprises de l’ameublement qui sont devenues exportatrices. Plusieurs modèles se superposent : recrutement d’un agent commercial, participation aux salons professionnels ou à des événements, création de partenariats avec des acteurs locaux, structuration d’une équipe export, e-commerce et webmarketing…
Quelle que soit l’orientation privilégiée, la conquête de marchés extérieurs demande des efforts dont les entreprises n’ont pas toujours conscience. Parmi celles qui envisagent de se développer à l’international, 86% espèrent un retour sur investissement dans les 3 ans. Ce qui semble peu réaliste. Tandis que les entreprises exportatrices jugent que le recrutement d’un agent commercial est un axe stratégique, celles qui projettent de se lancer ne sont que 21% à envisager cette option. Pire, elles semblent sous-estimer la nécessité d’adapter les produits proposés ou de former et dédier des ressources en interne.
De larges besoins en compétences
Le développement à l’international a un impact sur les métiers et compétences qui dépasse largement le cadre strict des forces de vente et du marketing. Par exemple, la nécessité d’adapter les produits sollicite les métiers de la conception et du design. Il s’agit de comprendre les usages en vigueur sur le marché convoité, s’adapter aux normes, intégrer de nouvelles contraintes… Ce qui peut également bousculer les méthodes de production. Les métiers de l’administratif et de la logistique ont un monde complexe à découvrir : règlementations douanières, gestion des assurances, nouvelles formalités, aspects juridiques… Enfin, l’implication pleine et entière de la direction semble une condition sine qua none de la réussite de cette aventure. En d’autres termes, c’est toute l’entreprise qui doit être mobilisée.
De nombreuses formations spécialisées dans le commerce international, l’administration des ventes et le marketing permettent aux entreprises de se doter des compétences nécessaires. Les chefs d’entreprises bénéficient d’une offre riche de certifications orientées vers le management international. Les entreprises les plus exportatrices affirment toutefois privilégier la formation interne, le tutorat, l’auto-formation ou les formations courtes. Elles ne remettent pas en cause les formations proposées mais leurs aspirations se heurtent au manque de disponibilité des salariés.
Le développement à l’international demande une stratégie cohérente, pensée dans le temps long, des investissements conséquents et, sans doute, une meilleure utilisation de l’offre de formation existante. Pour augmenter la part des exportations dans le chiffre d’affaires des fabricants français de l’ameublement, il faut s’assurer que l’entreprise en interne et en amont ait les ressources humaines et financières nécessaires pour mener à bien son projet d’internalisation.