Adéquation entre l’offre de formation et les besoins en compétences pour l’interindustrie en Île-de-France
Adéquation entre formations et besoins en compétences : focus sur l’Île-de-France
Dotée d’une économie puissante, l’Île-de-France accueille de nombreux sièges sociaux, des sites de production emblématiques de l’industrie hexagonale, des centres de recherches, des start-up innovantes, et un tissu dense de PME industrielles aux activités les plus diverses. Comme au niveau national, l’industrie francilienne fait face à de multiples défis – transition écologique et énergétique, évolution des process, intégration de nouvelles technologies… Elle y ajoute quelques contraintes propres à son territoire. Afin d’y voir clair dans ce paysage morcelé et mouvant, l’étude sur l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins en compétences pour l’interindustrie en Île-de-France dresse un état des lieux de l’industrie en Île-de-France et fournit une analyse des besoins en compétences à 5 ans, basée sur plusieurs scénarios prospectifs. L’étude propose également un focus détaillé sur 20 métiers interindustriels. Ce qui permet de comprendre très concrètement les enjeux liés à la formation et d’envisager des pistes d’action ciblées pour améliorer l’offre actuelle.
L’Île-de-France, une région industrielle atypique
Avec près de 650.000 emplois industriels, l’Île-de-France fait figure de poids lourd dans le paysage industriel national. Tandis que la région a perdu 24.000 emplois de 2010 à 2020, l’étude élabore trois scénarios, du plus pessimiste qui voit la tendance s’amplifier sur la prochaine décennie au plus optimiste qui compte sur un redressement progressif de l’emploi. Prudent, le scénario médian anticipe une baisse de plus de 20.000 emplois à horizon 2030.
Dans cette terre de sièges sociaux, les fonctions support et les métiers liés à la gestion, les achats et la vente occupent la moitié des effectifs et 51% des salariés appartiennent à la catégorie des cadres et professions intellectuelles. Ces spécificités de l’emploi industriel francilien donnent une couleur particulière aux préoccupations identifiées lors des entretiens réalisés auprès de plusieurs dizaines d’entreprises. Les questions relatives aux procédés industriels, à la digitalisation et à l’énergie sont naturellement évoquées. Mais elles sont complétées par d’autres thématiques : communication et marketing digital, gestion des achats et fournisseurs, transmission des connaissances, gestion de projet et management…
Autre originalité, les activités de conception et de recherche & développement représentent 16% des emplois industriels franciliens, soit bien plus que la moyenne nationale. Les projections réalisées dans l’étude montrent une tendance à la hausse de ces activités qui emploieraient 17% des effectifs à horizon 2025. La liste des métiers en progression fait la part belle aux ingénieurs, cadres d’études et techniciens en recherche et développement dans l’informatique, l’électronique, l’électricité, les produits de transformation…
Des besoins dans la production et la maintenance
Malgré les spécificités de l’emploi industriel en Île-de-France, les 20 métiers retenus pour être analysés correspondent plutôt à des fonctions de production, d’exploitation et de maintenance. En effet, l’Île-de-France est également un territoire où l’on produit des automobiles, des médicaments, de l’électricité, des articles de mode et luxe… La région est même, avec 27.000 salariés, la deuxième en matière de construction aéronautique et spatiale. Aussi, les métiers interindustriels en tension, ceux qui sont amenés à évoluer ou se transformer, ceux pour lesquels l’offre de formation fait défaut , sont probablement les mêmes que dans le reste du pays : technicien de maintenance, data analyst, opérateur de commande numérique, conducteur d’équipement industriel, roboticien…
20 métiers et leurs formations à la loupe
Chacun des 20 métiers retenus fait l’objet d’une fiche où sont détaillées, les compétences requises, les formations adaptées, l’évolution des effectifs, et une évaluation qualitative et quantitative de l’offre de formation. Pour de nombreux métiers, le volume de sortants par rapport aux besoins de l’interindustrie apparaît insuffisant. C’est notamment le cas des chargés de projet R&D, des ingénieurs chargés d’affaires, des techniciens de fabrication additive, et même des techniciens de maintenance. Pour certains d’entre eux, les effectifs en formation repartent même à la baisse alors que les tensions sur le recrutement ne cessent de croître.
Même si la qualité des formations n’est pas massivement remise en cause, l’étude identifie quelques points noirs. Toutes les formations ne répondent pas réellement aux besoins de l’industrie du futur ; certaines compétences émergentes restent absentes des cursus, et les référentiels mériteraient de s’enrichir de briques technologiques qui deviennent indispensables : maintenance prédictive, programmation informatique… Certains métiers spécifiques manquent de formations ciblées : techniciens de cybersécurité, régleurs, techniciens méthode, responsables d’unité de production… Les décalages entre formation et travail réel, qu’ils proviennent des évolutions technologiques en cours ou de la variété des métiers à couvrir pourraient être compensés par une offre de formations courtes ou des modules de spécialisation. Ceux-ci font également défaut pour de nombreux métiers.
L’attractivité, un passage obligé pour faire coïncider offre de formation et besoins en compétences
L’étude est un outil pratique pour comprendre les besoins en compétences et identifier les pistes d’amélioration de l’offre de formation, métier par métier, référentiel par référentiel. Elle montre aussi un déséquilibre dans la répartition territoriale des organismes de formation, insuffisamment présents dans les zones situées au Sud et à l’Ouest de la capitale où la population et l’activité industrielle sont pourtant denses. L’amélioration de l’adéquation entre offre de formation et besoins en compétences dépend également de l’engagement des entreprises appelées à participer au développement de l’apprentissage. L’alternance est plébiscitée mais représente aujourd’hui moins de 20% des effectifs en formation du CAP au BTS. Reste enfin la question cruciale de l’attractivité des métiers de l’industrie. Il est regrettable de constater que la proportion de femmes dans les parcours industriels a régressé de 1 point en 5 ans pour atteindre 11% des effectifs du CAP au BTS. Un symbole du chemin qui reste à parcourir pour promouvoir une nouvelle image de l’industrie et remplir de candidats enthousiastes les formations aux métiers de demain.