Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Bourgogne-Franche-Comté
La Bourgogne-Franche-Comté : l’attractivité au centre des préoccupations
Les zones rurales de Bourgogne-Franche-Comté couvrent 95% du territoire et accueillent la moitié de la population. Première région rurale devant la Bretagne, la Bourgogne-Franche-Comté s’est aussi longtemps félicitée d’être la première région industrielle de France, celle où la part de l’emploi industriel était la plus élevée dans l’emploi salarié total. Même si ce titre est désormais contesté, la région reste une terre de production industrielle aux besoins de main d’œuvre conséquents. L’étude « Panorama emploi, compétences, enjeux prospectifs et formations de l’interindustrie en Bourgogne-Franche-Comté » estime à 78 000 le nombre de recrutements à effectuer d’ici 2030. En dépit des difficultés conjoncturelles et de la baisse des effectifs constatée sur les 20 dernières années, l’attractivité reste l’enjeu prioritaire pour l’industrie régionale.
Une terre de production industrielle
Plus de 14,4% des salariés de Bourgogne-Franche-Comté, soit près de 140 000 personnes, travaillent dans l’industrie (hors agroalimentaire). La densité de l’emploi industriel, particulièrement forte dans la moitié Est de la région, la positionne comme l’une des toutes premières en France. Parmi ces salariés, 49% travaillent dans les fonctions de production et d’assemblage, une proportion supérieure de 11 points à la moyenne nationale. Les fonctions d’achats, recherche et gestion sont, en revanche, sous-représentées. Enfin, 61% des salariés de l’industrie travaillent dans des établissements comptant entre 50 et 250 salariés, soit bien plus qu’au niveau national où ces établissements ne pèsent que 43% des effectifs. Ces chiffres dessinent le portrait d’une région au tissu industriel dense, majoritairement composé d’ateliers et de sites de production qui se structurent autour de donneurs d’ordre présents sur la région ou dans les territoires voisins.
La branche Métallurgie et l’automobile donnent le ton
Les entreprises relevant de la branche Métallurgie rassemblent 91 000 salariés, soit 64% des effectifs régionaux. Cette proportion atteint même 73% et 86% dans le Doubs et la Haute-Saône. La filière automobile y est particulièrement bien représentée avec quelques grands noms de l’industrie française qui entrainent dans leur sillage une chaîne d’approvisionnement constituée de nombreux fournisseurs aux activités variées. La Plasturgie et le Caoutchouc sont d’ailleurs également sur-représentés dans la région. Selon l’étude, 39% des salariés des branches Métallurgie, Chimie et Plasturgie travaillent pour une entreprise ayant l’automobile comme marché principal . L’industrie régionale présente toutefois une certaine diversité avec notamment une sur-représentation significative des branches professionnelles Maroquinerie, Panneaux à base de bois et Tuiles et briques.
78 000 recrutements attendus d’ici 2030
De 2006 à 2023, l’emploi industriel régional a subi une baisse de 24%, passant de 183 000 à moins de 140 000. Contrairement au reste de la France, la région n’a pas connu de rebond post-Covid. Cette diminution peut être mise en perspective des difficultés du marché automobile que les entreprises anticipent encore en décroissance pour les prochaines années. Ainsi, la dynamique de l’emploi ne devrait pas s’inverser d’ici 2030, l’étude tablant sur une baisse des effectifs de 6 700 dans cet intervalle. Malgré cela, en tenant compte des départs en retraite et des mobilités externes, l’étude estime à 78 000 les besoins en recrutements sur les prochaines années. Plus de la moitié de ces recrutements devraient porter sur les fonctions de production et assemblage, et d’exploitation et maintenance, celles où les difficultés de recrutements sont les plus aigües. De fait, l’attractivité, le recrutement et la fidélisation des salariés constituent une priorité stratégique pour 84% des établissements industriels de la région. Une problématique qui relègue au second plan les questions relatives à la performance de l’outil de production, à l’innovation ou à la diversification des marchés, pourtant cruciales pour les entreprises.
Des tensions malgré une offre de formation théorique suffisante
Pour répondre aux besoins des entreprises, la Bourgogne-Franche-Comté peut compter sur 176 centres de formation proposant des formations initiales menant aux métiers de l’industrie. L’analyse détaillée de l’offre de formation au regard des besoins, réalisée notamment sur les métiers de conducteur de ligne, de soudeur ou de technicien de maintenance, ne démontre pas de carence sur la région. L’enjeu est bien de remplir les sessions de formation proposées plutôt que d’en ouvrir d’autres. Comme les entreprises industrielles, les organismes de formation font face au défi de l’attractivité.