Interindustrie Lecture

Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Hauts-de-France

Les Hauts-de-France, une terre historique de production industrielle pleine d’avenir

Façonnée par une longue histoire, l’industrie des Hauts-de-France est à la croisée des chemins. Ces dernières années, elle a enregistré une série d’investissements records et d’annonces retentissantes dans les batteries électriques, l’énergie ou encore le médicament. Mais derrière ces grands projets d’avenir, qu’en est-il de l’industrie régionale aujourd’hui ? Le « Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Hauts-de-France » apporte ses réponses en dressant le portrait d’une région industrielle fondamentalement tournée vers les activités de production et dotée de nombreux atouts. L’étude dévoile également des besoins en recrutements massifs à court terme, estimés à 37.000 par an pour les 5 prochaines années. L’occasion de se pencher sur le système de formation et de vérifier sa capacité à faire face à la demande des entreprises.

Baisse des effectifs depuis le début des années 2000

Entre 2006 et 2023, l’industrie des Hauts-de-France a perdu 24% de ses effectifs. Ainsi, les Industries créatives et techniques, Mode et Luxe, dominées par la branche professionnelle Textile ont perdu plus de 40% de leurs salariés. Très représentées dans la région également, les branches Fabrication mécanique du verre et Plasturgie ont été à la peine, notamment au début des années 2000. Tout comme deux secteurs de la branche Métallurgie – Automobile et cycles et Alliages et produits métalliques – qui ont perdu un tiers de leurs effectifs sur la période.

L’industrie régionale a, certes, connu un rebond post-Covid, mais bien moins vigoureux que dans le reste de la France. En 2023, les effectifs demeuraient inférieurs à leur niveau d’avant Covid. En cause, la crise énergétique qui a pénalisé les industries de transformation régionales, et les transitions du secteur automobile. De nombreux salariés de l’industrie des Hauts-de-France sont concernés directement ou indirectement par ce secteur. Sur les 10 premiers employeurs de la région, quatre sont des constructeurs ou équipementiers automobiles qui cumulent plus de 16.000 salariés. Mais l’automobile est également un marché crucial pour de nombreuses entreprises d’autres branches professionnelles, notamment la Chimie, la Plasturgie et le Recyclage.

Une région industrielle aux atouts reconnus

Malgré ces difficultés, les Hauts-de-France demeurent une grande région industrielle, forte de 244.000 salariés, et offrant un potentiel de rebond intact. Les investissements enregistrés dans les domaines de la batterie électrique ou du médicament en attestent. Si les Gigafactories et leurs 10.000 recrutements prévus n’auront pas d’effet sur l’emploi avant quelques années, les industries de la santé enregistrent un rebond de 30% de leurs effectifs depuis 2014.

L’industrie pèse aujourd’hui 15,7% de l’emploi salarié régional. Dans des zones d’emploi importantes comme Valenciennes, Dunkerque ou Beauvais, elle occupe près d’un salarié sur quatre. 59% d’entre eux travaillent dans la Production-assemblage ou dans l’Exploitation-maintenance. 53% sont des ouvriers, soit 16 points de plus que la moyenne nationale. Les difficultés de recrutement, estimées à 51% des projets de recrutement, sont quant à elles inférieures de 13 points à la moyenne nationale. La main d’œuvre des Hauts-de-France est disponible et accoutumée aux métiers industriels. Cette caractéristique séduit sans doute les porteurs de grands projets. Mais si la région accueille des têtes d’affiche de l’industrie, elle se distingue aussi par la densité de son tissu industriel et le poids de ses PME. La tranche des entreprises comptant 10 à 250 salariés pèse 59% de l’emploi industriel total. C’est 20 points de plus que leur proportion à l’échelle nationale.

Près de 37.000 recrutements par an d’ici 2030

D’ici 2030, en tenant compte de l’évolution nette de l’emploi, légèrement négative, des mobilités externes et des départs en retraite, l’industrie des Hauts-de-France devrait procéder à environ 37 000 recrutements par an. Plus de la moitié concerneront les fonctions Production et assemblage ou Exploitation et maintenance. Pour faire face à ce besoin massif, les entreprises industrielles semblent faire confiance au système de formation, plus de la moitié d’entre elles s’en disant satisfaites. Cet avis positif n’est toutefois pas partagé par tous les secteurs d’activité. Plus de 60% des entreprises des Industries créatives et techniques, Mode et luxe pointent des manques. L’insatisfaction atteint même 80% chez celles qui appartiennent au regroupement de branches Matériaux pour la construction et l’industrie, Verre. De la même façon, une plus grande proportion d’entreprises du Nord considère que l’offre de formation répond bien à leurs besoins. Dans l’Aisne, elles sont moins d’une sur trois à le penser.

Si le Nord concentre 44% de l’emploi industriel et la majorité des grands projets, l’industrie est présente et importante dans toute la région. Dans 20 bassins d’emplois sur 24, la part de l’emploi industriel est supérieure au niveau national. Mais l’inadéquation entre offre et besoin n’est pas que géographique. L’étude révèle également certaines inadéquations entre l’offre de formation et les besoins recrutement, particulièrement marquées sur les métiers du travail des métaux et les conducteurs de ligne.