Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Auvergne-Rhône-Alpes
Auvergne-Rhône-Alpes : champion de la réindustrialisation
Région industrielle prospère, l’Auvergne-Rhône-Alpes s’est affirmée comme le leader du mouvement de réindustrialisation qu’a connu la France au cours de ces dernières années. En 2023 et 2024, le Baromètre industriel de l’Etat dénombre un solde net supérieur à +100 d’ouvertures ou extensions de sites industriels dans la région pour +280 à l’échelle nationale. Cette performance atteste de l’importance de la région dans l’industrie française et de son dynamisme. L’étude Panorama emploi, compétences et formation de l’interindustrie en Auvergne-Rhône-Alpes le confirme. Elle donne à voir toute la diversité de l’industrie régionale mais révèle également les contrastes qui émaillent le territoire et les défis à relever en matière d’emplois et de compétences.
Une région industrielle riche de sa diversité
Forte de près de 480 000 salariés, l’industrie d’Auvergne-Rhône-Alpes a presque retrouvé son niveau de 2006, à la faveur d’une progression soutenue de ses effectifs depuis 2020. Plus de la moitié d’entre eux travaillent dans la branche Métallurgie, notamment dans les secteurs de la mécanique et de l’électrique-électronique-numérique qui ont la particularité de s’épanouir au cœur des Alpes, dans les vallées de Savoie, de Haute-Savoie et d’Isère. La Chimie, les Industries pharmaceutiques et la Plasturgie constituent elles aussi des poids lourds régionaux très présents dans le département du Rhône, ou dans des pôles spécialisés comme la Plastics Vallée autour d’Oyonnax. La région accueille également un tiers des salariés de la branche Caoutchouc, concentrés autour de Clermont-Ferrand. Disséminées sur l’ensemble du territoire parfois loin des métropoles, les entreprises de la Maroquinerie et du Textile cumulent néanmoins près de 28 000 salariés sur la région, et pèsent respectivement 20% et 29% des effectifs nationaux de leur branche professionnelle. En définitive, même si les secteurs leaders tendent parfois à éclipser les autres, c’est bien sa diversité qui caractérise le mieux l’industrie d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Un territoire industriel fragmenté
Avec 133 000 et 95 000 salariés dans l’industrie, les départements du Rhône et d’Isère font figure de locomotives. Ces deux départements ont augmenté leurs effectifs entre 2006 et 2023. Mais leur dynamisme cache aussi des réalités territoriales plus contrastées. Ainsi, la Haute-Savoie, durement touchée par la crise de 2008, a-t-elle perdu près d’un quart de ses effectifs industriels sur la même période. Ce département compte encore plus de 43 000 salariés dont 40% œuvrent dans le secteur de la mécanique, notamment le décolletage. Deux tiers des recrutements y sont jugés difficiles. Les départements de l’Ain et de la Loire, qui comptent encore plus de 40 000 emplois industriels, ont également perdu des effectifs sur la même période.
Avec 15 000 salariés, soit à peine 3% des effectifs régionaux, l’emploi industriel dans l’Allier pourrait être considéré comme quantité négligeable. Or, il représente 22% de l’emploi salarié privé du département. L’entreprise Safran y est implantée et des techniciens méthode et autres ingénieurs en industrialisation y sont recherchés. L’industrie y joue un rôle crucial et rencontre ses problématiques propres. Il en va de même en Ardèche, en Haute-Loire ou dans la Drôme. Dans la vaste région Auvergne-Rhône-Alpes, les enjeux d’emploi et de compétences et les spécialisations sectorielles varient très fortement d’un territoire à l’autre. Mais l’industrie y est partout un sujet de première importance. Dans neuf départements sur douze, elle occupe plus d’un salarié du privé sur cinq.
Des besoins de recrutements estimés à 55 000 par an
D’ici 2030, selon les scénarios, les effectifs régionaux de l’industrie devraient se stabiliser ou grimper de 10 000 salariés. En y ajoutant les besoins de remplacement liés aux départs en retraite et aux mobilités externes, on atteint un total de 55 000 recrutements par an. Près de la moitié de ces recrutements devrait concerner des métiers de Production et assemblage et de Maintenance et exploitation. Avec 61% des recrutements jugés difficiles, le défi est colossal. Les données collectées auprès des entreprises révèlent d’ailleurs que les enjeux RH figurent en tête des préoccupations des employeurs. L’amélioration de la qualité de vie au travail est identifiée comme une priorité stratégique par 66% des répondants, devant même l’accroissement de la performance de l’outil de production cité par 64%. L’image de l’entreprise, la visibilité et l’attractivité pour les nouveaux salariés complètent le trio de tête des priorités stratégiques.
Une adéquation satisfaisante entre besoins et offre de formation
Sans surprise, l’offre de formation conduisant aux métiers industriels est développée. Celle-ci se répartit sur l’ensemble du territoire autour des différents pôles urbains. 64% des répondants estiment l’offre quantitativement suffisante. Les employeurs affichent une nette préférence pour l’apprentissage. Deux tiers d’entre eux jugent cette formation en alternance adaptée aux métiers industriels tandis qu’ils ne sont que 41% à formuler le même jugement à l’égard des formations scolaires. L’examen détaillé d’une vingtaine de métiers industriels confirme ces appréciations. Pour la moitié d’entre eux, l’adéquation quantitative et géographique semble satisfaisante. Néanmoins, pour des métiers très recherchés comme conducteur de ligne, régleur, ou technicien de maintenance, le nombre de jeunes formés s’avère insuffisant. Pour les métiers d’ingénieur industrialisation, ingénieur HSE, technicien qualité ou encore acheteur industriel, c’est la répartition géographique qui pose problème. Le maintien d’un maillage territorial dense sur les formations industrielles est essentiel pour que l’industrie en Auvergne-Rhône-Alpes puisse conserver l’un de ses atouts majeurs : sa diversité.